comme un air curieux

Publié le par June Prune

Lors de mon dernier stage en tant que formatrice, on a fait appel à une intervenante psycho-sociologue pour aborder des notions de psychologie de l'enfant avec de jeunes stagiaires BAFA. Elle a commencé par faire tracer deux colonnes pour chaque tranche d'âge : dans la première, les caractéristiques de l'enfant qui nous énerve (par exemple, il ricane tout le temps), et dans la deuxième, les caractéristiques de l'enfant qu'on aime bien (par exemple, il nous fait des dessins).

Chaque stagiaire a rempli scrupuleusement ses colonnes, puis une discussion s'est engagée sur les réponses de chacun. Les stagiaires ont remarqué que se dégageaient les images du "bon enfant" et du "mauvais enfant". Et que le premier est bien mignon juste parce qu'il fait exactement ce qu'attend l'adulte.

La psycho-sociologue a ensuite rassuré tout le monde : de telles représentations sont normales, c'est humain. Mais en prendre conscience représente la première étape du travail de tout animateur, ce qui lui permettra de pouvoir aller vers tous les enfants sans distinction.

 

J'ai travaillé avec pas mal d'animateurs et de directeurs en séjours ados. Il est effrayant de remarquer à quel point sont ancrées les images du bon ado et du mauvais ado. Le bon ado aide à débarrasser la table et veut aller visiter le musée du coin. Le mauvais ado reste à glander toute la journée avec ses potes sans rien proposer et n'est jamais volontaire pour la vaisselle. Euh... qui aime faire la vaisselle ? A part pour fayoter, c'est-à-dire faire ce qui est attendu.

 

Ma prof de gym pilates (hype un jour hype toujours) (comment ça, le pilates, c'est so 2004 ?) plaisantait l'autre jour après avoir lâché "je veux que vous regardiez droit devant". Elle remarquait à quel point elle détestait qu'un prof dise "je veux que" ou "il faut que". Et comme elle sait que je suis prof, et qu'elle est sûre que je suis parfaite (c'est parce que je suis super forte en gym pilates), elle me prenait à témoin de l'arbitraire et de l'inefficacité de ces ordres. J'étais parfaitement d'accord mais j'ai quand même eu un quart de seconde de doute : on a plein de tics de langage inconscients, moi aussi certainement. C'était décidé, j'allais me surveiller. Verdict : ouf, je ne dis pas "il faut que" ni "je veux que". Je n'attends pas des élèves de faire ce que je veux. Rassurée.

(Mais je vais continuer à me surveiller attentivement, j'ai surpris plein de tics de langage : je dis "explique-moi ta réponse", "allez, on se concentre", "ça, c'est bon" et j'en passe).

 

Il est difficile de trouver la différence entre un bon chasseur et un mauvais chasseur, mais pour définir un bon prof, un bon animateur, bref un bon éducateur, on peut déjà dire qu'il doit avoir dépassé ses représentations du bon et du mauvais enfant et arrêter d'attendre que l'enfant fasse ce qu'attend l'adulte.

 

 

Méfiant, peureux, craintif ou défaillant, preneur de tangente et déviant.

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M
<br /> Moi je me rends compte que j'ai une préférence pour les chieurs (mais des gentils chieurs, ceux qui ont le sourire quand ils te font chier) que pour les élèves hyper scolaires et sages. J'aime le<br /> challenge d'intéresser celui qui est dans le refus.<br /> <br /> Je dirais plutôt "Je voudrais que" ou "J'aimerais que vous essayez de...".<br /> Est ce que c'est mieux, je n'en sais rien mais ton billet va me faire réfléchir dans les prochains jours.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> moi aussi je les aime les chieurs mignons !<br /> <br /> <br /> <br />